Au Centre d’hébergement Marie-Anne-Ouellet, le 3 août 2016, à l’âge de 88 ans et 2 mois, est décédé monsieur Bertrand « Bill » Leblanc, époux de feu madame Marcelle-Ange Jacques. Il demeurait à Lac-au-Saumon.

Il était le fils de feu M. Ludger Leblanc et de feu madame Paula Bellavance.

Monsieur Leblanc était une personnalité bien connue du monde littéraire. Il possédait un talent d’écrivain remarquable; il savait marier les mots pour décrire la couleur de bien des sujets. Il a beaucoup fait pour l’avancement de l’écriture, de la littérature et du théâtre dans la Vallée de la Matapédia et partout au Québec.

Il n’aimait pas être mis au premier plan; il fuyait les flatteries et les louanges. Quand l’occasion s’y prêtait, il se portait volontaire pour mettre au grand jour les problèmes de société, les dénonçant toujours avec verve, de façon intelligente et véridique. Il avait une façon unique de plaisanter avec ironie, un merveilleux pince-sans-rire. Il était tout autant un homme stoïque et imperturbable et ce, en toutes circonstances.

Admirateur et respectueux de la nature et des sports, il se plaisait à son camp en forêt à pratiquer la chasse et la pêche. Il a d’ailleurs fait vivre ces passions à travers deux livres qu’il a écrits, l’un portant sur le baseball et les Expos de Montréal et l’autre sur la chasse.

Sa vie a été enrichie par la présence à ses côtés de personnes qu’ils a appréciées et aimées. Mais il a avant tout été ébloui par celle qui a enjolivé sa vie, son épouse Marcelle, qui l’a quitté trop tôt hélas, et avec laquelle il a eu une si belle complicité. Lorsqu’il devait se séparer d’elle, il était toujours impatient de la revoir pour laisser valser à ses oreilles la mélodie de sa voix.

À travers tous ses écrits, monsieur Leblanc a voyagé dans le cœur de ses lecteurs; il continuera sans l’ombre d’un doute à inspirer les esprits créateurs et vivra éternellement dans les âmes de ceux et celles qui l’ont déjà lu, côtoyé et aimé.

Monsieur Leblanc était le frère de Fernande (feu Grégoire Harvey), Lucille, feu Ludgère (feu Maurice Fournier), feu Jeannette (Lionel Bérubé), Benoit  »Lou ».

Il laisse également dans le deuil, son beau-frère et ses belles-soeurs; ses neveux et ses nièces, ses cousins et ses cousines, ainsi que de nombreux parents et amis(es), ses collègues du domaine de la littérature et du théâtre.


Hommage à monsieur Bertrand Leblanc, lu par son frère Benoit « Lou », en l’église de Lac-au-Saumon, le samedi 13 août 2016, jour de la célébration commémorative.

Au nom de tous les miens,

Mon cher Bill,
Mon cher frère,

Tu me permettras sans doute de passer outre au désir manifesté clairement dans le dernier hommage que tu rendais à ta chère Marcelle-Ange, de ne pas faire d’enflure verbale,

Je m’autoriserai quand même, un écart de conduite relativement à ton désir.

Dans un premier temps, je me permettrai de rendre hommage aux plus humbles parmi nous, qui sont ici présentes c’est-à-dire ceux qui ont travaillé pour ton père, pour moi et sous tes directives, de même que ceux que tu as dirigés dans d’autres domaines. On appelle souvent, ces gens ordinaires, bien que, dans la majorité des cas, ils sont plus extraordinaires que ceux que l’on considère comme faisant partie de notre élite.

Cette affirmation m’incite à avoir une pensée particulière: aux travailleurs forestiers, aux camionneurs, aux mécaniciens, aux cuisiniers, aux forgerons, aux employés de bureau (comptables, commis, secrétaires et autres personnes) qui ont permis à notre père de s’élever au dessus de la masse, et de ce fait de te donner l’opportunité de faire les études, qui t’ont permis d’atteindre les plus hauts sommets dans le domaine littéraire.

En second lieu, je m’en voudrais de ne pas faire allusion à ta compagne de vie Marcelle-Ange, qui t’as énormément aimé et épaulé. Je m’en voudrais également de ne pas faire allusion à un autre ange, et non le moindre, qui t’a secondé tout au long de ta vie, soit notre mère Paula.

Il ne s’agit pas de bien dire et de bien faire, je me dois pour bien faire de saluer très humblement tes amis et gens du domaine littéraire qui sont ici présents. Également je m’en voudrais de ne pas saluer la présence de tous tes confrères, qui étaient pour toi si chers et que tu appelais communément tes potes en l’occurrence: Sabin, Georges et Berchmans.

Je ne peux passer sous silence les notables ici présents: par là, je fais allusion à nos députés provincial et fédéral et également nos maires ici présents.

Je veux également au nom de tous les miens et particulièrement de mes soeurs aînées Fernande, Lucille , te rappeler si tu nous entends, leur tristesse suite à ton départ précipité qu’elles ont toujours manifesté à ton égard amour sincère et respect.

En terminant et dans mes moments de nostalgie, il m’arrive parfois de penser à des littéraires ce qui m’amène à te citer le vers de Paul Verlaine «Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon coeur d’une langueur monotone.»

De ton frère qui malgré vents et marées et malgré les obstacles, t’a toujours apprécié et épaulé du mieux qu’il a pu. Tu me manqueras énormément.

Affectueusement pour toujours.


Hommage à monsieur Bertrand Leblanc, lu par monsieur Claude Jacques, en l’église de Lac-au-Saumon, le samedi 13 août 2016, jour de la célébration commémorative.

La municipalité de Lac au Saumon, la Matapédia et la communauté littéraire du Québec viennent de perdre un personnage important de son histoire. Nous serions tous d’accord pour ajouter « un grand homme, un grand écrivain », mais nous savons que Bertrand, ou « Bill » selon votre préférence, n’aimait pas les éloges et que ce qualificatif lui déplairait.

Mes premiers mots sont pour vous remercier, au nom de « Bill », pour votre présence ici aujourd’hui. Elle témoigne des liens d’amour, de reconnaissance et d’amitié que chacun de vous avez pour lui. Elle est aussi le signe le plus éloquent de votre attachement et de votre reconnaissance envers notre ami, parce qu’il a eu beaucoup d’importance pour vous, à l’un ou l’autre des moments de votre vie.

L’objectif de mon intervention n’est pas de mettre « Bill » sur un piédestal ou de lui attribuer multitude de qualités car ce n’est pas ce qu’il souhaiterait, lui-même qui nous disait souvent : « Pourquoi vouloir canoniser quelqu’un lors de ses funérailles alors qu’on a passé sa vie à le dénigrer, le critiquer, voir même lui chercher multitude de défauts. »

Rassure toi « Bill », le but de l’exercice n’est pas d’agir ainsi ni de te donner l’absolution sans condition, mais permets-nous de souligner la qualité de ton passage parmi nous et de te confirmer toute notre reconnaissance et notre amitié!

« Bill » est né le 8 mai 1928, ici à Lac au Saumon. C’est en compagnie de son père Ludger, de sa mère Paula, de ses sœurs Fernande, Lucille, Ludgère et Jeannette et de son frère Benoit qu’il a vécu une enfance et une adolescence paisible. Bien qu’espiègle et joueur de tour, il a rapidement adhéré aux valeurs familiales et a toujours été respectueux de celles-ci. Il nous a d’ailleurs toujours parlé de ses parents avec respect et admiration.

« Bill » avait par contre le sens de l’observation et a vite remarqué que la société du temps avait elle aussi son lot de personnages colorés, de commères, de  »bootlegger ». de citoyens aimables, d’autres moins, sans oublier les curés parfois intransigeants quant à la pratique religieuse et les contraintes du temps. Il s’est d’ailleurs inspiré de ces observations pour publier quelques livres, empreints d’humour mais tellement réalistes, sur les coutumes des gens de l’époque.

Quelques années plus tard, il quitte la maison paternelle pour faire ses études, d’abord au séminaire de Rimouski et ensuite à l’université Laval et celle de Montréal, où il obtient un diplôme à l’école des Hautes Études Commerciales et une licence en sciences sociales. Cette période lui permet de côtoyer plusieurs confrères avec lesquels il conservera d’excellentes relations et même de grandes amitiés.

« Bill » se dirige ensuite sur le marché du travail. Il se joint à son père pour œuvrer dans l’industrie forestière, ensuite avec son frère « Lou » dans la construction de chemin, puis enfin dans le domaine des assurances. Après quoi, il s’expatrie dans la région du Saguenay où il occupe le poste d’agent de développement économique d’Alma. Au cours de ces années, « Bill » s’est toujours consacré à l’écriture mais c’est à sa retraite, en 2001, qu’il décide de s’y investir à plein temps.

Au cours des dernières décennies, « Bill » s’est adonné à l’écriture avec passion, intelligence et respect. Il avait la passion pour la langue française et désirait s’en servir pour exprimer sa pensée, divulguer ses états d’âme et ainsi exposer avec humour et réalisme les problèmes de notre société. Dépendamment de la situation, il savait manier les mots avec grâce et délicatesse, mais aussi avec exactitude et autorité. Comme l’écrit Philippe Claudel, pour « Bill », « l’écriture était à la fois une respiration, une nécessité, un vrai bonheur. » La société l’a souvent remercié pour ses œuvres et ses implications sociales. En plus d’avoir été admis à titre de membre de l’Union des écrivaines et écrivains du Québec, « Bill » s’est vu décerné de nombreuses reconnaissances, dont entre autres:

– Le prix Arthur-Buies en 1979;
– L’agate de distinction au gala Artquimédia en1993;
– L’ordre du Québec et du Canada;
– Le prix littéraire portant son nom, créé au salon des mots de Sayabec en 2014, remis à la relève littéraire.

Malgré toutes ces reconnaissances, « Bill » est demeuré un homme simple. Il était généreux, intègre, et adorait la solitude, circonstance propice à la réflexion et à l’écriture. Il avait un sens de l’humour indéniable, ce qu’il a d’ailleurs démontré dans plusieurs de ses œuvres. Il détestait les commérages, les louanges et la vantardise, mais acceptait volontiers l’intégrité et l’amitié de ceux et celles qu’il a côtoyés, étant même un « mentor » pour plusieurs qui ont eu recours à son expertise, ses connaissances et ses conseils.

Je crois que la vie de « Bill » fut joyeuse, qu’elle a été comblée par de belles amitiés, enrichie par la présence à ses côtés de personnes qu’il a appréciées et aimées; mais celle qui a marqué le plus sa vie fut son épouse Marcelle, la femme de sa vie, celle qui a su le combler de joie et qui nous a quitté trop tôt hélas, au grand désespoir de « Bill » d’ailleurs. Cette femme était souriante, radieuse, extrêmement attachante. Elle était sa compagne, sa confidente, sa Muse, celle qui lui inspirait admiration et confiance. « Bill » lui vouait un amour inconditionnel et nous disait souvent : « Sans elle, je ne serais pas ce que je suis, elle savait ramener à l’ordre le délinquant que j’étais, avec patience, calme et beaucoup de diplomatie. » « Bill » me disait d’ailleurs pas plus tard qu’il y a deux semaines : « J’ai hâte de la revoir. Depuis douze ans qu’elle m’a quitté, elle en aura sûrement beaucoup à me raconter, et il me sera agréable de lui accorder une partie de l’éternité pour l’écouter, pour la regarder, pour lui sourire, pour l’aimer. »

Mon cher « Bill », ton vœux est maintenant exaucé et sois sans crainte, Dieu est assez miséricordieux, tel que tu le souhaitais, pour te faire une place dans son univers. Pour toi qui n’as pas eu d’enfants, l’écriture est la continuation de la vie et une forme d’immortalité. Tel que tu le précisais lors d’une entrevue, tes écrits perpétueront ta mémoire et les générations à venir pourront en bénéficier. (Je fais une parenthèse ici pour mentionner qu’hier était la journée du livre québécois. Pourquoi ne pas profiter de la circonstance et se procurer un livre de « Bill » et promouvoir ainsi son œuvre? )

Profite de ce repos bien mérité, oncle « Bill ». Profite de ce monde merveilleux où nous retrouvons ceux et celles que nous avons aimés. Loin de nous l’idée de te perturber dans cette nouvelle vie mais si tu as quelques minutes à nous accorder, fais que ton départ soit pour nous empreint de douceur, de sérénité et d’amour.

AUREVOIR, BERTRAND, « BILL », ET MERCI POUR TOUT !!!

Et comme il est de circonstances à la fin d’une pièce de théâtre, je vous invite à vous lever et applaudir l’œuvre et surtout l’homme qu’a été monsieur Bertrand B Leblanc.