Paul-Gérin Lajoie (1920-2018), un legs inestimable


Éditorial de Marie-Andrée Chouinard en hommage au regretté Paul-Gérin Lajoie décédé le 25 juin dernier.

Feu Paul Gérin-Lajoie, juin 2018 Qu’on se rassure : l’existence même du réseau d’éducation tel qu’on le connaît est un obstacle à la mémoire qui flanche. On ne pourra pas oublier Paul Gérin-Lajoie tant l’école du Québec porte partout sa griffe. Murs des « polyvalentes », structures des commissions scolaires, principe de gratuité, tout cela signé à l’encre indélébile par le premier ministre de l’Éducation.

Mais ne nous rappelons pas que les structures, car la pierre témoigne très mal de la passion d’un homme. Jusque dans ses dernières apparitions publiques — toujours sollicité qu’il était pour la finesse de son esprit et la verve de ses discours —, il ne fit jamais l’économie d’un plaidoyer vibrant pour l’importance d’un apprentissage dès le plus jeune âge. « Ma passion pour assurer à tous le droit d’apprendre ne s’essouffle pas », disait-il en 2015 devant un parterre venu l’entendre causer de coopération internationale, un autre de ses combats engagés.

On a souligné depuis lundi l’héritage grandiose laissé par cet authentique serviteur de l’État, père de la première réforme de l’éducation. M. Gérin-Lajoie a inscrit dans la loi le principe d’éducation accessible à tous, partout et en tout temps. « Ce n’est pas tout de dire que l’école n’impose pas de droits de scolarité, encore faut-il qu’il y ait une école ! » disait-il en 1963 à Droit de cité. Ce fut le dénominateur commun de son action à l’Agence canadienne de développement international (ACDI), puis le moteur de création de la Fondation P.G.L., qui promeut toujours l’alphabétisation et la formation professionnelle et technique des jeunes dans les pays en voie de développement.

Dans tout son cheminement, PGL fut un enthousiaste, un « colérique du coeur », comme il le disait parlant de lui. Il fallait certes de la fougue, un corollaire de la passion, pour mettre au monde un réseau d’éducation sous le règne de Jean Lesage. Le journal des débats de l’Assemblée nationale du début des années 1960 a conservé trace d’une certaine capacité d’indignation sous son nom, ce dont il fallait être bien doté pour faire face alors à un clergé courroucé.

PGL a été catalyseur de réformes, doctrines et autres structures pérennes. Ceux qui ont côtoyé ce spécialiste des longs discours enflammés savent qu’il fut, de tout temps, le plus ardent des défenseurs de l’école publique, pour laquelle il n’a jamais baissé les bras. Voilà non seulement un legs inestimable, mais un enseignement qui devrait faire école.

Marie-Andrée Chouinard, éditorialiste, Le Devoir, 27 juin 2018



Le père de l'éducation moderne au Québec n'est plus

(Extrait d'un autre article du Devoir)


« C’était un bâtisseur exceptionnel, qui ne levait jamais le ton, qui savait convaincre. C’était un démocrate jusqu’au bout des ongles », a décrit son fils François Gérin-Lajoie, qui est président du conseil d’administration de la Fondation Paul Gérin-Lajoie.
Sa contribution à l’élaboration du Québec moderne est « phénoménale », poursuit-il. On pourra la découvrir ou la redécouvrir dans une anthologie de ses meilleurs discours, qui sera publiée au mois d’août, a indiqué son fils au Devoir.
« C’était un homme d’une grande énergie, d’une forte intelligence, qui utilisait bien sa formation juridique. C’était un juriste à la conscience sociale », résume le sociologue Guy Rocher, qui le côtoyait depuis 1946, année où les deux hommes ont participé à un colloque international de la jeunesse en Europe, événement qui laissa un « souvenir impérissable » à M. Rocher. « C’est à ce moment que j’ai commencé à admirer son leadership », dit-il.
« Si tous les politiciens étaient comme lui, non seulement le Québec, le Canada, mais le monde entier irait mieux ! » déclare à son sujet son ancien conseiller technique en information, du temps qu’il était ministre de l’Éducation, Jean Paré. Le décrivant comme un homme « minutieux », « rigoureux », « déterminé », M. Paré estime qu’avec Jean Lesage, Paul Gérin-Lajoie a été « le plus grand pivot de la Révolution tranquille ».

Un parcours exemplaire

M. Gérin-Lajoie est né le 23 février 1920 à Montréal, fils d’Henri Gérin-Lajoie et de Pauline Dorion. Il appartient à une dynastie de Gérin-Lajoie dont sont issues plusieurs personnalités ayant marqué le Québec. Ses arrière-grands-pères sont l’écrivain et avocat Antoine Gérin-Lajoie et l’homme politique Alexandre Lacoste. Une de ses grands-mères est la pionnière féministe Marie Lacoste-Gérin-Lajoie et une de ses tantes est la religieuse et travailleuse sociale qui porte aussi le nom de Marie Gérin-Lajoie. Bien entouré, Paul Gérin-Lajoie connaîtra un parcours universitaire et professionnel exemplaire. Après avoir étudié le droit à l’Université de Montréal, il est admis au Barreau du Québec en 1943 et poursuit ses études doctorales en droit constitutionnel, notamment grâce à la prestigieuse bourse Rhodes, à l’Université d’Oxford, en compagnie de sa femme, Andrée Papineau, sa complice de vie pendant près de 80 ans, décédée le 19 février 2018. Avec elle, il aura eu quatre enfants, qui lui donneront ensuite treize petits-enfants et onze arrière-petits-enfants. Il a par ailleurs résidé durant la plus grande partie de sa vie à Vaudreuil-Soulanges.

Engagement politique et social

À son retour d’Angleterre, Paul Gérin-Lajoie fonde L’Écho de Vaudreuil-Soulanges et Jacques-Cartier, hebdomadaire où son épouse tient une chronique qui s’adresse aux femmes. Il se fait élire comme député du Parti libéral en 1960 dans Vaudreuil-Soulanges, circonscription dans laquelle il réside et qu’il représentera comme député pendant près de dix ans avant de démissionner. Il vouait un grand respect à la chose politique et a toujours été très engagé socialement. Avant de lancer le ministère de l’Éducation, dans les années 1960-1963, Paul Gérin-Lajoie avait entrepris de faire le tour du Québec pour consulter les gens et il avait emmené toute la famille avec lui. « En fait, il a fait deux tours de la province. Il en a fait un pour le bill 60, la création du ministère, et un deuxième ensuite pour les 55 régionales et la création des polyvalentes », avait raconté son fils François lors d’une conférence en janvier 2017. « Alors, croyez-le ou non, dans les deux tournées, toute la famille suivait popa en roulotte pendant l’été. Alors, les coins, les petits snacks à hot-dog, on les a faits deux fois plutôt qu’une à travers la Gaspésie, le Grand Nord. Quand on parle d’éducation citoyenne, pour moi, c’est ça. C’est s’assurer que la population participe à la construction d’un système éducatif. »
Secrétaire du Parti libéral du Québec, puis président de la commission politique de ce même parti, il a connu des années bien remplies au sein du gouvernement. En plus d’avoir dirigé d’importants ministères, il a été vice-président du conseil des ministres de 1964 à 1966. Il occupe alors la présidence du comité des affaires constitutionnelles du Parti libéral du Québec, jusqu’à ce qu’il quitte la politique active en 1969.

Toujours actif

Mais la carrière et la vie professionnelle de M. Gérin-Lajoie ne sont alors pas en reste. En plus d’être professeur invité à l’Université d’Ottawa et à la Faculté de droit de l’Université de Montréal, il a présidé la mission des examinateurs de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) sur la recherche et le développement en éducation aux États-Unis en 1969, a occupé dans les années 1970 les fonctions de président de l’Agence canadienne de développement international (ACDI), fut membre du conseil des gouverneurs de la Banque mondiale et a dirigé la Société du Vieux-Port de Montréal au début des années 1980. Ce rôle, pour lequel il est moins reconnu, est très important aux yeux de son fils François Gérin-Lajoie. « Il a ouvert les jetées à la population montréalaise. Il voulait que les Montréalais se réapproprient leur fleuve », dit-il.
Généreux philanthrope, Paul Gérin-Lajoie a créé en 1977 une fondation oeuvrant dans le domaine de la coopération internationale, qui continue de poursuivre son oeuvre en faisant la promotion de l’accès à l’éducation pour tous, souligne son fils, qui en préside le conseil d’administration. « Ça découle de son humanisme très fort », indique François Gérin-Lajoie.
M. Gérin-Lajoie n’aura jamais réellement connu de retraite. Sa vie durant, il n’a cessé de s’impliquer activement à travers sa fondation, en prononçant des discours ou en prenant position dans certains débats, notamment en éducation, dans les grands médias. Encore en 2007, il avait critiqué l’assouplissement de l’enseignement du français et la réforme scolaire. Il était également résolument contre l’abolition des commissions scolaires, des organisations qu’il a conseillées pendant plusieurs années. Pendant la grève étudiante de 2012, il était intervenu publiquement pour soutenir la hausse des droits de scolarité proposée par le gouvernement Charest, plaidant pour une réforme des prêts et bourses. Récemment, il avait déclaré au Devoir que les cégeps avaient été « une très grande réalisation » et qu’ils répondaient à l’objectif de départ lors de leur création en 1967 : soit préparer les étudiants à l’université. L’auteur de Combats d’un révolutionnaire tranquille (1989) aura accepté de faire des apparitions publiques jusqu’à un âge très avancé. En janvier 2017, il avait participé à une conférence sur l’éducation citoyenne à l’Université Laval malgré le fait qu’il était très diminué, en fauteuil roulant et qu’il avait du mal à parler et à tenir sa tête droite. « Alors, un mot de bienvenue pour tous ceux qui sont présents ici. Votre seule présence est une indication de l’intérêt que vous portez à ce colloque et à l’action de Paul Gérin-Lajoie », avait-il prononcé d’une voix rauque. Une voix que le Québec n’entendra plus, mais dont il se souviendra.

Lisa-Marie Gervais
Marie-Lise Rousseau
26 juin 2018


Centenaire du Séminaire de Rimouski en 1964

Fêtes du Centenaire à Rimouski en 1964 Fêtes du Centenaire à Rimouski en 1964




LA MÉMOIRE DU SÉMINAIRE

      Pourquoi?

  • Parce que le Séminaire (et ses Écoles) a été, pendant plus d'un siècle, le coeur des institutions d'éducation du Bas-St-Laurent;
  • Parce qu'il a formé des leaders religieux et civils dont le rayonnement a largement dépassé leur région de formation;
  • Parce qu'il est important de se rappeler cette oeuvre socioculturelle, ses artisans et ses bénéficiaires;
  • Parce que le Cégep de Rimouski a reçu en héritage, pour les renouveler, cette mission d'éducation du Séminaire, ses installations physiques et une partie de son personnel.

      Pour qui?

  • Pour les anciens du Séminaire et leurs proches;
  • Pour les étudiants et le personnel du Cégep intéressés à la généalogie et à l'histoire de leur institution;
  • Pour tous les citoyens à la recherche de leurs racines culturelles ou intéressés par l'histoire régionale.

      Par qui?

  • Par une équipe mandatée par la Corporation du Séminaire qui administre son patrimoine: Noël Bélanger, Gabriel Bérubé, Jacques Dionne et Guylaine Rioux;
  • Leurs collaborateurs : Gabriel Langlois, Euclide Ouellet, Émilien Malenfant et Rodolphe Tremblay;
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